Didier Lombard, le pdg de France Telecom, nous explique les
objectifs de son entreprise alors que sort aujourd’hui l’iPhone
exclusivement commercialisé par sa filiale Orange.
Alors comment vous le trouvez, votre iPhone ?
Ce téléphone est important. Il marque la véritable arrivée de la
convergence dans la poche des Français. Alors oui, la convergence
existait déjà mais soit elle n’était pas totale, soit les terminaux
n’était pas très simples d’accès…
Avec l’iPhone, vous possédez un
téléphone qui permet de se connecter à Internet, d’écouter de la
musique, de regarder photos et vidéos… Et, surtout, son ergonomie
parfaite en fait le potable le plus simple d’utilisation du marché.
Tout fonctionne avec le bout du doigt ! C’est tellement simple que je
me sers du mien sans aucun problème ! (rires)
Vous avez cassé votre tirelire pour avoir l’iPhone… Quelles retombées économiques attendez-vous ?
On espère en vendre environ 100 000 d’ici Noël et, pour 2008, nos
estimations se situent entre 400 000 et 500 000 exemplaires. Cela
représente entre 3 et 5 % du chiffre d’affaires d’Orange.
On dit que vous allez reverser 30% de la marge de l’iPhone à Apple ?
C’est une partie du contrat qui est confidentielle. Je ne vous dirai
rien. C’est un modèle économique exceptionnel que nous avions déjà
adopté avec MSN lors du lancement d’Orange Messenger. Aujourd’hui,
Apple est la seule marque qui peut provoquer des files d’attentes
devant les boutiques quand sort un nouveau produit.
Nokia nous a
récemment proposé de partager nos revenus contre l’implantation
définitive du logiciel OVI dans nos terminaux. Nous avons refusé.
Il
y a eu des cafouillages de communication lors de vos négociations avec
Apple. On a compris qu’elles avaient été tendues. Que s’est-il passé ?
Il n’y a pas eu de « cafouillage » et j’avoue avoir bien ri en lisant
la presse à ce moment-là. Steve Jobs m’a parlé de son projet il y a
deux ans et demi. L’accord a été signé en juin. Apple a choisi Orange
principalement parce que nous sommes l’opérateur qui a le plus de
boutiques en France. C’est cette force commerciale unique qui a
convaincu la marque américaine.
Nous avons eu des discussions
ultérieures car la loi française nous impose clairement de proposer
l’iPhone sans aucun forfait orange. En Allemagne et en Angleterre, les
textes sont moins explicites.
Que représente l’iPhone pour vos marques ?
L’iPhone va permettre de capter de nouveaux abonnés (comme les
aficionados d’Apple et de nouvelles technologies) et de proposer un
produit jeune à nos abonnés. Mais c’est également un terminal qui
permet la convergence sur laquelle nous travaillons beaucoup. Notre
métier de base c’est de construire et d’exploiter des réseaux de
télécommunication. Tout l’argent que nous gagnons est réinvesti dans le renouvèlement de notre réseau.
Pour fidéliser nos clients, nous
proposons des équipements (comme l’iPhone) mais aussi des contenus et
des services. C’est indispensable mais moins essentiel à notre survie
que le passage à la fibre optique.
A propos de contenus, la
Ligue de football professionnelle va lancer vendredi son appel d’offre
pour les droits de retransmission pour 2008-2012. Vous êtes candidats
pour les lots mobiles, vod et ADSL ?
Cela peut nous intéresser
mais nous attendons de voir les limites exactes de ces lots. Il est
évident que l’ensemble des lots ne nous intéresse pas. Nous ne sommes
pas là pour diffuser de 2 heures de match en direct à 20h50.
Vous êtes prêt à faire un gros chèque pour cela ?
Nous serons économe. Une fois de plus, le football est un contenu qui
satisfait quelques dizaines de milliers d’abonnés. Il a une bonne
audience mais notre argent doit aller avant tout au développement de
nos réseaux.
Interview réalisée par Benoit DARAGON, invité de GuiM Weblog